PRÉAMBULE
L’évolution enregistrée tant au niveau politique que socio-économique durant la dernière décennie s’est caractérisée par un élan résolu vers un surcroit de décentralisation. La réorganisation institutionnelle de l’Etat inscrite dans la Constitution de 2014 prévoit ainsi un rééquilibrage des pouvoirs au bénéfice des collectivités locales. Cette nouvelle orientation a naturellement suscité une demande accrue pour une information statistique plus riche sur les régions ou les territoires du pays. Répondant à l’exigence de soutenir l’effort public de décentralisation, l’Institut National de la Statistique (INS) a entrepris un ajustement dans sa production de statistiques officielles afin d’apporter les éclairages indispensables à une meilleure compréhension de la situation et de la dynamique des agrégats économiques selon les régions, et de manière plus générale des phénomènes relatifs aux disparités régionales en matière de création de revenus.
Une réflexion sur l’opportunité de construire des comptes économiques tunisiens régionalisés s’est donc imposée tout naturellement. Il s’agissait d’ancrer davantage l’intervention des pouvoirs publics dans l’économie des régions. Un tel engagement offrait à l’INS l’occasion de jeter les prémisses d’une nouvelle orientation dans le travail de la statistique publique tunisienne et qui prendra progressivement forme dans un cadre plus large et cohérent de modernisation de l’appareil statistique dans ses différentes dimensions. Ce travail permettrait aussi de capitaliser sur les enquêtes réalisées et les indicateurs compilés, de revisiter certaines opérations statistiques et de revoir en profondeur les « piliers » de l’infrastructure statistique comme le Système des Comptes Nationaux Tunisiens (SCNT).
Dans ce contexte, l’INS publie ici des Produits Intérieurs Bruts régionaux, c’est-à-dire la valeur de tous les biens et services marchands et non marchands produits dans une région pour une année donnée, la somme des PIB de toutes les régions étant égale au PIB national. Ces agrégats constituent une source d’information pertinente sur la dynamique économique des territoires et jouent un rôle important dans l’offre de statistiques localisées.
Tout en respectant le cadre général du SCNT en vigueur, l’évaluation des Produits Intérieurs Bruts régionaux s’appuie sur un dispositif différent de celui utilisé habituellement par la comptabilité nationale pour calculer le PIB national. En effet, des contraintes statistiques et conceptuelles enrayent l’adoption d’une démarche similaire pour les PIB régionaux. Le caractère ouvert des économies régionales rend inabordable l’approche par la demande. Ensuite, l’ensemble des biens et services entrés et sortis d’un territoire ne peuvent pas être quantifiés par le système d’information existant. Le cheminement emprunté par la comptabilité régionale est donc différent de celui de la comptabilité nationale classique.
Des méthodes dites indirectes permettent de traiter la question de la localisation des activités sur le territoire et l’estimation de la valeur ajoutée (cf. note méthodologique détaillée accompagnant ce document). Trois approches sont utilisées, en fonction de la richesse de l’information élémentaire au niveau local. La première part de l’information micro et l’agrège jusqu’à retomber sur l’agrégat souhaité, alors qu’une autre approche utilise une clef de répartition pour éclater l’agrégat. Enfin, une dernière méthode combine simultanément les deux approches précédentes.